Étymologie et historique
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Étymologie
Le substantif masculin handicap, a été emprunté à l'anglais « handicap », probable contraction de « hand in cap », signifiant littéralement « main dans le chapeau ». Dans le cadre d'un troc de biens entre deux personnes, il fallait rétablir une égalité de valeur entre ce qui était donné et ce qui était reçu : ainsi celui qui recevait un objet d'une valeur supérieure devait mettre dans un chapeau une somme d'argent pour rétablir l'équité.
Si l’échange se fait ou ne se fait pas à cause du refus des deux troqueurs, la somme forfaitaire va au médiateur (car l’équité a été atteinte). Si le refus vient d’un seul des troqueurs, la somme forfaitaire est partagée entre les deux troqueurs (car l’équité n’a pas été atteinte). Par la suite, le terme a été utilisé pour toute action visant à rendre plus équitable une confrontation, ce qui conduira à employer l’expression « être handicapé » en parlant des participants désavantagés au départ d’une course. Le sens médical apparaît vers 1950 ; le sens d’infériorité momentanée d’une collectivité par rapport à une autre en 1964.
L'expression s'est progressivement transformée en mot puis appliquée au domaine sportif (courses de chevaux notamment) au XVIIIème siècle. En sport, un handicap correspondait à la volonté de donner autant de chances à tous les concurrents en imposant des difficultés supplémentaires aux meilleurs.
Le handicap : du Moyen-âge au 18ème siècle
Au début du Moyen-âge, des « Hôtel-Dieu » sont créés pour accueillir les infirmes, les pauvres et les miséreux de la société. A partir du 14ème siècle, l’exclusion des personnes handicapées est nourrie par la peur, les gens enferment et mettent à l’écart cette catégorie de la population.
En 1656, Louis XIV ordonne la création à Paris de l’Hôpital Général, la Salpêtrière, destiné au « renfermement » des mendiants. Une vingtaine d’années plus tard, une annexe est ajoutée pour y loger les jeunes filles dépravées, les femmes punies et les enfants fugueurs. L’hôpital devient alors une maison de force, un lieu de détention et de correction où les personnes enfermées sont confrontées à elles-mêmes. En 1670, Louis XIV crée l’institution des Invalides, chargée d’accueillir ses soldats invalides ou âgés.
Au 17ème siècle, la Cour des Miracles rassemblait les personnes exclues de la société qui se retrouvaient à Paris. Elle désignait des grands espaces insalubres où les mendiants, les voleurs, les paralysés, les infirmes, les aveugles de tout sexe et de toute origine vivaient. A la nuit tombée, les soucis de chacun disparaissaient comme par miracle, « le boiteux marchait droit, le paralytique dansait, l’aveugle voyait, le sourd entendait, les vieillards même étaient rajeunis » (Victor Hugo, Notre Dame de Paris). La police ne venait que rarement dans ces quartiers délabrés et très mal éclairés.
Gustave Doré. La cour des miracles. Vers 1860
Sous Louis XIV, il fut décidé de détruire ces espaces : maisons rasées, envoi aux galères, marquage au fer rouge, pendaisons, enfermement dans les établissements de l’Hôpital général, etc. Après la mort de Louis XIV, le système répressif perd du terrain au profit des hygiénistes et des médecins. Le siècle des Lumières fait alors apparaître des nouveaux courants de pensée érigés par la raison, la science et le respect de l’humanité. Les mendiants livrés à la charité publique sous l’Ancien Régime sont progressivement pris en charge par l’État à partir de la Révolution française, des institutions commencent à accueillir les personnes sourdes et aveugles.
Deux dates marquent l’implication de l’État envers les personnes les plus fragiles :
- 1790 : avec l’affirmation du principe du devoir d’assistance par la Nation devant l’Assemblée constituante, par le Comité de mendicité présidé par La Rochefoucauld-Liancourt
- 1796 : avec la reconnaissance du « droit des pauvres » et la création des bureaux de bienfaisance dans les communes