A l’occasion d’un déplacement ministériel à Châtellerault, le 27 septembre 2021, le Premier ministre Jean Castex a détaillé le nouveau volet du Plan d’investissement dans les compétences.
Ce nouveau plan s’articule autour de 3 objectifs :
- le soutien aux secteurs en tension,
- la formation des salariés,
- et celle des demandeurs d’emploi de longue durée.
Doté d’un budget de 1.4 milliards d’euros, 900 millions d’euros seront mobilisés dès cette année 2021. Au titre de l’année 2021, 600 millions seront débloqués « immédiatement pour permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes supplémentaires. »
Une part importante des mesures visent spécifiquement les entreprises de 50 à 250 salariés. Ces dernières ont en effet moins recouru à la formation, du fait de la fin de la mutualisation des financements de la formation. Cette disposition avait été introduite par la réforme de la loi « Avenir professionnel ».
Tour d’horizon des dispositifs bénéficiant du soutien de ce nouveau plan d’investissement dans les compétences.
Soutien au FNE
Le dispositif FNE Formation, mobilisable à l’initiative des entreprises, sera prolongé afin de permettre le financement :
- de « 50 000 formations longues de 400 heures en moyenne, pour des parcours de reconversion ou de transition visant l’obtention d’une qualification professionnelle et permettant de sécuriser durablement les trajectoires professionnelles »,
- de « 300 000 formations courtes de 40 heures en moyenne, pour des parcours de développement des compétences répondant aux enjeux immédiats de reprise particulièrement ciblés pour les TPE-PME ».
Favoriser le recours au dispositif « Transitions collectives »
Instauré depuis 2021, les Transitions collectives doivent permettre aux salariés dont les emplois sont menacés de procéder à une reconversion professionnelle. L’enjeu est double : maintenir l’employabilité des individus, tout en répondant aux besoins en recrutement des entreprises.
Afin d’accroître l’usage de ce dispositif, le Gouvernement propose :
- de simplifier l’accès à Transitions collectives en supprimant l’obligation pour les entreprises d’adopter un accord de Gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Dorénavant, l’information et la consultation du Comité social et économique (CSE) sera suffisante,
- d’accompagner les salariés volontaires dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective ou d’un accord de GEPP. En permettant au salarié d’être placé en congé de mobilité exonéré de charges sociales pendant 24 mois. L’Etat pourra prendre en charge jusqu’à 100 % des frais pédagogiques engagés,
- la création d’un réseau local de délégués à l’accompagnement des reconversions professionnelles pour simplifier les démarches des entreprises et contribuer à une meilleure coordination des différents acteurs impliqués (Opco, Association Transitions pro …).
- d’augmenter les moyens et les capacités d’actions des plateformes territoriales d’appui aux transitions professionnelles. Ces dernières ont pour mission de mettre en relation des entreprises dont les emplois sont menacés avec celles ayant des besoins en recrutement.
Amplifier l’effort de formation à destination des demandeurs d’emploi (via les AFPR et les POEI)
Afin d’accroître le nombre de formations proposées aux demandeurs d’emploi, le nouveau plan d’investissement dans les compétences prévoit de mobiliser 560 millions d’euros supplémentaires jusqu’en 2022.
Ces nouveaux investissements devront financer « de nouvelles actions de formation à destination des demandeurs d’emploi, ciblées vers les métiers en tension ». Les formations se déroulant en entreprises, celles en situation de travail ou présentant un taux de retour à l’emploi plus important seront prioritaires.
C’est dans cet état d’esprit que les formations associées à une promesse d’embauche (AFPR) ou les Préparations opérationnelles à l’emploi (POEI) seront fortement soutenues. Ce nouveau plan ambitionne de financer 15 000 formations supplémentaires via les formations de types AFPR et 50 000 nouvelles Préparations opérationnelles à l’emploi.
Pour faciliter le recours à ces programmes, l’Etat compte simplifier les démarches des entreprises. Ces dernières pourront procéder à des demandes de prises en charge en ligne. Les montants de ces prises en charge seront plus élevés et les durées des parcours seront révisées pour plus de souplesse.
Répondre aux besoins spécifiques des métiers de l’industrie et de la construction
Les secteurs de l’industrie et de la construction sont sujets à des difficultés de recrutement, particulièrement pour les métiers techniques et d’encadrement intermédiaire. Afin de répondre à cette problématique, 5 000 actions de formations spécifiques seront financées.
Ces financements permettront de lever des freins au recours à la formation. Ces freins peuvent être dû au coût onéreux des plateaux techniques, à un seuil de rentabilité économique difficile à atteindre en formation, ou à des niveaux de prérequis insuffisant de la part des publics formés. Ces démarches pourraient être étendues à d’autres secteurs d’activités.
Actions de remobilisation à destination des demandeurs d’emploi de longue durée
Pôle emploi se verra confiée la conduite d’actions de remobilisation spécifiques.
Concernant les personnes au chômage depuis moins de 12 mois, des actions de remise en dynamique professionnelle seront proposées. Ces dernières permettront « en partant des métiers qui recrutent, d’identifier ceux pour lesquels le demandeur d’emploi dispose de compétences », de réaliser une évaluation objective de sa maîtrise de gestes professionnels techniques, de se ré-entraîner aux savoir-être professionnels, d’acquérir des compétences numériques, ou encore de préparer son entrée en formation.
Concernant les demandeurs d’emploi de très longue durée, ou inactifs depuis plus de deux ans, un parcours « intensif » leur sera proposé. Ce parcours intègre un « diagnostic individuel qui permettra de définir, selon les besoins de la personne, un programme d’actions individualisé, accompagné et planifié ». Un accompagnement spécifique aux problèmes de santé pourra être proposé si ces dernières freinent le retour à l’emploi. Par ailleurs, un accompagnement psychosocial, réalisé par des professionnels de santé et par un conseiller en insertion pourra également être enclenché pendant 6 mois.
Au total, ce sont 35 000 actions de remise en dynamique professionnelle pour les demandeurs d’emploi de longue durée qui seront financés dans le cadre de ce nouveau plan d’investissement dans les compétences.
Pôle emploi contactera également la totalité des demandeurs d’emploi de longue durée d’ici fin 2021, afin de les orienter vers les nouvelles mesures du plan.
Primes à l’embauche pour la signature de contrat de professionnalisation « senior »
Une prime à l’embauche sera accordée à chaque employeur concluant un contrat de professionnalisation auprès d’un demandeur d’emploi de longue durée. Cette prime sera mise en place jusqu’à fin 2022.
Elle sera versée la première année du contrat et sera d’un montant de 8 000 euros. Ce montant est équivalent aux aides actuellement versées pour favoriser la signature d’un contrat d’alternance chez les jeunes.
Cette prime sera majorée de 2 000 euros pour toute embauche de demandeurs d’emploi âgés de 45 ans et plus en contrat de professionnalisation.
Doublement des accompagnements « Nouveaux Horizon » proposés par l’Apec
L’Apec verra également ses moyens augmentés afin de doubler le nombre de bénéficiaires de son dispositif « Nouveaux Horizons ». Ce sont ainsi 3 000 suivis personnalisés pour les cadres demandeurs d’emploi de longue durée qui viendront s’ajouter. Ce programme d’une durée de 7 mois s’adresse aux cadres qui cherchent un emploi depuis plus d’un an. Il comprend un suivi personnalisé par un consultant, des ateliers collectifs, la construction d’un nouveau projet professionnel et une aide à la préparation aux entretiens d’embauche.
Poursuite du PIC
Le Gouvernement compte via des appels à projets nationaux poursuivre le développement des « parcours sans couture ».
50 000 actions de formations supplémentaires seront financées dans toute la France, en recourant notamment à l’Afest. Il s’agira de « formations de réentraînement intégrant des périodes en entreprise, dans les métiers en très forte tension (grande distribution, logistique, sécurité, aide aux personnes, tourisme, loisirs) ». La volonté est de construire des formations sur mesure avec les entreprises, afin de répondre à leurs difficultés de recrutement.
Nouvel avenant au Pric
Les partenariats Etat-Régions feront l’objet d’avenants pour déployer ce nouveau plan jusqu’en 2022. Les régions sont invitées à proposer des réponses permettant de lever certains freins au recrutement, notamment ceux ayant trait au logement ou à la mobilité des actifs.
Le budget de ce nouveau plan, d’un montant de 1.4 milliard d’euros provient en partie d’un redéploiement des crédits d’urgence budgétés dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire.