La Visite de la Vieille Dame (De Friedrich Dürrenmatt)

Faire progresser les comédien(e)s dans leur jeu, leur fournir de nouveaux outils de travail, les mettre en confiance. 

J’ai choisi ce chef d’oeuvre du Théâtre du 20eme siècle autant pour la modernité de son propos par rapport au sujet qu’il aborde que par la finesse de ses personnages. 
Cette histoire de vieille dame fortunée qui débarque dans son village natal rongé par la misère et qui met à prix la tête de son ancien amant a de quoi bousculer tous les principes et il n’est pas difficile aujourd’hui d’y trouver quelques parallèles avec notre belle époque. Le nombre foisonnant de personnages plus savoureux les uns que les autres et les distinctions sociales qui les différencie permettent un éventail de jeu tout à fait passionnant. Je m’attacherai notamment, pour chaque comédien(e), à 
chercher l’empathie nécessaire à l’incarnation des personnages aussi bien populaires que bourgeois. 
Concernant ma direction de jeu Je m’attacherai à proposer un point de vue rythmique guidé par cette conviction intime qui influence toutes mes mises en scènes du répertoire classique et contemporain : « Les temps du Théâtre ne sont pas les temps de la vie ». 
Autant j’adore le cinéma autant je n’aime pas le jeu “naturel” du cinéma au Théâtre. 
On ne respire pas au Théâtre comme dans la vie, on ne parle et on ne bouge pas au Théâtre comme dans la vie. 
Je pense en effet, que le Théâtre a pour devoir de proposer un langage de jeu « extraordinaire » que ce soit au niveau de l’engagement physique et émotionnel ou de la valeur du son, des silences et du rythme. 
Donc pas de complaisance émotionnelle et narcissique, pas de gestes qui ne servent à rien, pas d’onomatopées gratuites qui précèdent ou concluent les répliques. Je veux une parole forte et vive qui circule à travers des comédiens puissants et généreux qui transpirent le plaisir de transmettre aux spectateurs cette histoire tragi-comique. Nous chercherons ainsi une émotion simple et sincère, sans oublier le rire bien sûr, tragiquement et heureusement omniprésent dans ce conte cruel de l’Ami Dürrenmatt. 
Jean-Philippe DAGUERRE